Une femme d’affaires qui réussit :
interview de Sarah Dockx

Sarah Dockx avait 24 ans quand elle a débuté au bas de l’échelle dans l’entreprise familiale. Avec son frère Joeri, elle a fait de Dockx un acteur belge indépendant dans le domaine de la location de véhicules, du déménagement, de l’archivage et des opérations logistiques combinées. Sarah est désormais Managing Director chez Dockx Movers. Elle combine sa passion pour l’entrepreneuriat avec la gestion d’une famille nombreuse.

Comment se passe votre collaboration avec votre frère ?

SARAH (37 ans) « Joeri et moi sommes à ce point fusionnels que nous nous sentons libres et avons suffisamment de confiance réciproque pour faire preuve d’une honnêteté totale, même lorsque l’un de nous risque de sortir des clous. Nous nous renforçons mutuellement. Joeri excelle dans l’innovation et la création de valeur pour le client. Personnellement, je me distingue dans le domaine de l’efficacité des processus et de la réorganisation. Nous déterminons la stratégie ensemble, mais nous avons chacun notre champ d’action. Tant Dockx Movers que Dockx Rental ont des comptables et un département marketing qui leur sont propres. »

« Notre père a toujours été convaincu que le fonctionnement d’une entreprise familiale ne pouvait être que problématique. Nous sommes la preuve du contraire. Mais nous veillons effectivement à ce que nos liens familiaux n’entravent pas la destinée de notre entreprise. Nous nous sommes préparés à certains scénarios, notamment grâce à un intervenant externe qui connaît bien notre dynamique familiale et fait office de chambre d’écho. Mais la conclusion reste la même : sans Joeri, Dockx ne serait pas là où elle est aujourd’hui, et sans moi, elle ne le serait pas davantage. »

Vous êtes à la barre de Dockx Movers. Qu’est-ce qui fait la puissance de ce service ?

SARAH « Dockx Movers peut compter sur une équipe incroyablement passionnée. Nos collaborateurs n’hésitent pas à retrousser leurs manches, tant les uns pour les autres que pour l’entreprise et ses clients. Chaque collaborateur est un entrepreneur dans son domaine. Ils sont toujours disposés à en faire un peu plus pour que tout se passe au mieux. L’état d’esprit et la passion sont plus importants que l’expérience. » 

« Ces dernières années, Dockx Movers a travaillé très dur pour se professionnaliser, tout ce que nous faisons a été fignolé dans les moindres détails. Nous en sommes aujourd’hui à un stade où nous pouvons passer à l’échelon supérieur. Comparez cela à une roue qui tourne : une fois qu’elle est suffisamment lancée, elle continue à tourner moyennant une petite relance stratégique de temps à autre. Nous allons encore renforcer notre collaboration avec Dockx Rental car cette combinaison, du déménagement que l’on fait soi-même au déménagement assisté, fait de nous la plus grande entreprise du secteur en Belgique. Nous n’excluons pas non plus des acquisitions ou de nouvelles implantations. »

Comment voyez-vous l’avenir du déménagement ?

SARAH « La leçon que j’ai tirée de la crise du coronavirus, c’est que Dockx fournit un service essentiel. Les déménageurs seront toujours indispensables, comme le boulanger et son pain. L’automatisation s’immisce également dans notre secteur, mais la manutention d’une armoire, son chargement dans un camion et son déchargement nécessiteront toujours une intervention humaine. En Chine, ils expérimentent des exosquelettes portatifs pour démultiplier la force. Actuellement, ils sont encore inabordables mais peut-être que dans dix ans, nous pourrons les utiliser. » 

Quels sont vos conseils pour assurer la réussite d’une entreprise familiale ?

SARAH « Les frictions font partie du processus ; sans discussion, on n’arrive à rien. Il ne faut pas avoir peur d’échouer. Plus vous commettez d’erreurs, mieux vous percevez dans quelle direction vous orienter. Il faut gravir les échelons progressivement dans une entreprise, pour savoir exactement ce que font vos collaborateurs au quotidien. La confiance en soi doit grandir mais faire appel à des conseils extérieurs, à quelqu’un qui puisse jeter un regard objectif sur la question, est toujours une bonne chose. »

Vous avez trois fils âgés d’un à cinq ans. Comment conciliez-vous vie de famille et esprit d’entreprise ?

SARAH « Au début, quand j’ai eu mes enfants, ma famille me manquait lorsque j’étais au travail. Et quand j’étais avec mes enfants, c’était mon équipe qui me manquait. J’étais tellement habituée à être constamment plongée dans mes activités au bureau. Mais là, ce n’était plus possible. Mon plus grand défi a été de trouver le bon équilibre entre mon travail et ma famille. Ces deux aspects de ma vie sont très étroitement liés. Aurais-je pu en faire plus si je n’avais pas eu d’enfants ? Vraisemblablement. Mais c’est tout à fait délibérément que j’ai choisi de créer mon cocon familial. »

« En outre, diriger une entreprise, c’est un peu comme diriger une famille : il suffit de bien se mettre d’accord et d’adopter une communication claire ; et on peut aller loin. Je puise mon énergie dans mon travail, mais aussi et surtout auprès de ma famille. Et quand les choses se bousculent un peu, ils peuvent toujours aller chez leur grand-père qui habite juste au coin de la rue et possède une collection très intéressante de voitures miniatures (rires). »

Avant de rejoindre l’entreprise familiale, vous avez travaillé quelque temps dans une société de transport, mais aussi donné un coup de main dans un restaurant. Quel était votre rêve de jeune fille ?

SARAH « Je voulais faire quelque chose en lien avec la musique ou l’environnement. Enfant, je me promenais dans les bois avec un sac poubelle ou je passais des heures à farfouiller dans les ruisseaux pour ramasser tous les détritus. J’ai toujours trouvé qu’il était important d’apporter sa contribution à une œuvre plus vaste. Et c’est ce que j’essaie de faire en tant que cheffe d’entreprise. Récemment, nous avons organisé un événement de collecte de fonds pour Moeders voor Moeders. Nous investissons aussi chaque année dans une flotte de véhicules durables. C’est aussi une manière d’apporter notre pierre à l’édifice. »

« Je puise mon énergie dans mon travail et auprès de ma famille »